Mon dernier séjour au pays des hommes intègres, le Burkina Faso, m’a rappelé comment ce pays est resté attaché au fil des ans à sa tradition, sa culture, son art… ! Ouii, de l’art, vous en trouverez à toutes les sauces ! Faso Danfani ou pagne tissé burkinabè, sculptures imposantes en bronze ou en or, sacs tissés à la main à base de plastique recyclé, art culinaire traditionnel en bronze, en fibre ou en bois, peintures…
Au fur et à mesure de mes découvertes, je me suis familiarisée avec la « street food » Burkinabée… Poulet à l’ail, poulet au Rabilé****, poulet flambé, poulet pané, mouton braisé, porc au four, omelette de pintades, Dêguê, gnomis … ! Les végétariens, passez votre chemin 8) 8) ! lol ! Pour moi qui adore manger, ce n’est point une exagération de dire que j’ai été puni avec la nourriture !
Mon séjour tirant à sa faim 😉 , je décidai de faire une escale au village artisanal de Ouagadougou pour y acheter et repérer de petites pièces souvenirs. J’étais venue principalement pour m’acheter une sculpture de Yennenga, la princesse Mossi*…
Dans la mythologie Mossi, Yennenga était la princesse d’un royaume prospère. Seule héritière de son père, il lui a appris à manier les armes, à gagner des batailles … Yennenga était belle, forte et déterminée, à l’aise sur un cheval comme sur deux pieds. Elle faisait la fierté de son père qui refusait malencontreusement tous les prétendants aspirant à la demander en mariage. Pas assez bien, pas assez forts, pas assez endurants…
Un jour, excédée de subir les désiratas de son père, elle s’enfuit en pleine savane avec son bien-aimé, un vaillant chasseur Bissa**. Ils formèrent ensemble le royaume Mossi.
Aujourd’hui, Yennenga pour moi symbolise ce modèle de combativité, ce délicat mélange de talent, de détermination et d’amour que j’aspire à être en tant que femme. Vous comprenez qu’il m’en fallait à tout prix une représentation !
Le pas haletant, je visite et j’observe les œuvres présentées dans chaque stand. 8ième , 9ième ,10ième stand, mon regard se posa sur une petite frimousse… le cheval en suspens, la flèche à bout de bras, le buste et le visage et en avant, les tresses bien définies comme des figures géométriques… j’avais trouvé mon bonheur, ma Yennenga. Mes yeux brillaient ! S’ensuivirent des négociations très âpres avec le vendeur… Dur dur de trouver un prix qui contenterait tout le monde ! 10 minutes plus tard, un compromis est trouvé, non sans avoir usé de stratagèmes : parentés à plaisanteries, blagues de tout genre, accent local… Lol ! Mon bijou désormais entre mes mains, mes yeux s’ouvrirent… le stand était rempli de magnifiques sculptures symbolisant l’amour, la fécondité, le travail… tout ce que j’aime. Les sculptures étaient tantôt d’une couleur or scintillante, tantôt d’une couleur or jonché de noir. Je ne pus m’empêcher de demander au vendeur si la matière noire était bel et bien du bronze. Il acquiesça rapidement et m’expliqua qu’il s’agissait d’une des colorations que l’on pouvait donner au bronze. Naturellement, il me proposa de visiter les ateliers de confection pour en avoir le cœur net. J’acceptai sans hésiter…
C’est ainsi que j’eus l’honneur d’observer la confection de pièces en bronze ! Sortez les cahiers ! Je vous décris tout par ici en 5 étapes : Photos à l’appui !
1-Confection des sculptures de cire
Tout d’abord, l’artisan fait une représentation de la sculpture souhaitée à base de cire. Il la modèle jusque dans les plus petits détails. Ciseaux, aiguilles, pointes… tout y passe ! Il peut partitionner la poupée de cire en plusieurs morceaux si la taille de la sculpture finale est imposante.
2-Habillage en argile et séchage de statues/ poupées d’argile
Ensuite, la statue est recouverte d’une première couche de pâte d’argile. Une fois, cette première couche sèche (après plusieurs heures au soleil), le même processus est répété pour une deuxième couche d’argile. Ces étapes doivent être réalisées en gardant un orifice non recouvert d’argile (3ieme photo-etape 2 ).
3-Fonte de la cire au charbon de bois
Puis, la statue est mise à cuire au charbon de bois. Comme pour un canari (poterie en argile), on sait que l’argile est cuite quand elle prend une couleur orangée. L’artisan verse alors la cire par l’orifice prévu à cet effet.
4-Remplissage des moules en argile
Le bronze à utiliser pour la sculpture est fondu à 1200 degrés dans un four souterrain. Par la suite, il est coulé avec précaution dans les moules en argile préparés dans l’étape 3.
5-Démoulage et finitions des statues
Quand le bronze est solidifié jusqu’à l’orifice, le démoulage peut commencer. Après plusieurs aspersions généreuses d’eau, les moules sont cassés avec des bâtons en fer. On peut observer la sculpture brute en bronze à l’issue de ce processus.
La pièce est ensuite polie, redéfinie, colorée et éventuellement soudée pour obtenir le design souhaité. Le permanganate de potassium est utilisé pour obtenir des couleurs marron et noir. L’acide nitrique pour obtenir les couleurs jaune, rouge et orangée.
Et de 5, la pièce est prête à être commercialisée et vendue sur les marchés ! Notre maître artisan du jour m’apprend qu’il y a quelques siècles déjà la vaissellerie de la maison royale Mossi était en bronze… j’aurais dû naitre à cette époque-là pour voir !
Je suis émue ! C’est le moment de partir, notre découverte prend fin ! Le genou légèrement incliné comme il est d’usage au Burkina pour marquer le respect/la considération, je le remercie pour sa patience et son amabilité. Je pense déjà à toi qui lis cet article, comment vais-je l’écrire pour te faire voyager et revivre ces moments inoubliables… ?
Dis-moi en commentaires si j’ai réussi ou pas et n’hésite pas à partager !
- *Mossi : Ethnie du Burkina Faso
- ** Bissa : Ethnie du Burkina Faso
- ****Rabilé : Levure issue d’une boisson traditonnelle Burkinaée – le Dolo .